CE N'EST PAS MOI QUI LE DIT !!
Voici un texte d'un ami, Yom, sur les événements du mois d'août.
Il a tout a fait sa place dans ce blog !
Les joyeuses commères de Wall Street
Chantons gaiement, les amis. Ouf ! le temps du krach boursier n’est pas venu. Pas encore…
Jusqu’ici, je me pensais ignorant en matière d’économie.
Cependant, je sentais confusément, comme nous tous, que l’économie n’était pas une science exacte.
Léger soupçons : les fameuses agences de notation avaient, en leur temps, attribué le triple A aux subprimes, idem à la banque Goldman Sachs et à l’économie de l’Islande aujourd’hui en défaut de paiement, juste avant la crise de 2008. Bien avant, idem pour Enron, quelques jours encore avant la faillite retentissante. Bien vu, l’aveugle…
Après avoir senti le vent du boulet, les dirigeants politiques d’un peu partout et même d’ailleurs entonnent donc l’hymne de la moralisation du capitalisme et des marchés. Enfin, on va réguler la folie des spéculateurs et de leurs larbins traders.
Vous allez voir ce que vous allez voir. Roulements de tambours et bombements de torse.
Et pan, vilains garnements, que je te ponds une liste noire des paradis fiscaux avec des incorrigibles qui négocient pour passer en liste grise.
Et quoi ? Qu’est-il arrivé aux paradis fiscaux blacklistés ? Ont-ils mis la clé sous la porte, récolté un blâme ou même juste une petite tape sur les fesses ? Euh… Autre question ?
Au vu de leurs exploits antérieurs, les agences de notation pourraient au moins jouer profil bas. N’importe qui, avec un brin de jugeote, pourrait à tout le moins se méfier de leurs avis, n’est-il pas ?
Ben non. Et si je dégradais la note de la Grèce pour voir ce que ça donne, humm ? Sacré déconneur, allez t’es pas cap.
C’était juste une blague d’étudiants en rien du tout. Résultats inespérés. Vache, ça envoie du lourd. L’Angela ne veut pas payer pour les moricauds tricheurs, surtout en période d’élections alors que le Nain sectaire sent bien que ça commence à chauffer pour les plumes de l’euro. Pour lui, les élections sont plus lointaines mais ça risque d’avoir empiré d’ici là. Guignol au pays des dégonflés.
Pourquoi tout faire pour garder le pouvoir quand on n’en a pas ? Mystères de l’ego.
On voit où s’exerce le vrai pouvoir : évidemment et par reflexe conditionné, les bourses s’effondrent (« coup de froid sur les bourses », c’est ce qui s’appelle se geler les couilles). Comme toujours.
J’imaginais les marchés financiers comme des jungles hostiles peuplées de super-héros implacables aux nerfs d’acier. Laisse-moi rire.
Après le coup de la Grèce, tu lances une pauvre rumeur à deux balles de baisse de la notation de la France ou de faillite de la Société Générale et c’est l’envolée de moineaux. Panique à bord. L’orchestre qui joue « Plus près de toi mon Dieu » pendant que le Titanic sombre.
Ainsi nos super héros ne seraient que des pécores effarouchés par leur ombre ? Des gélines caquetantes sur l’avenir du monde comme ta concierge sur la longueur de la jupe de la petite du troisième gauche ? Des vieilles poules déplumées s’extasiant sur le plumage et le ramage de Standard and Poor’s ?
Pas concurrents mais copains comme cochon qui s’en dédit à la moindre occasion de rafler la mise.
C’est le gouvernement mondial des bignoles, des pipelettes, des « on m’a dit que… ».
Voici enfin l’explication du mot « spéculateur ». Il ne s’agit pas d’une noble spéculation intellectuelle sur l’avenir du monde. On spécule sur des éventualités, de l’ultra-court terme, au cas où.
Et j’en reviens à nos politiciens. Lequel aura le courage de dire aux agences de notation que leur avis est nul et non avenu ? « Qui t’a fait roi ? » restant la question de fond. Qui note la désastreuse incompétence des agences de notation ?
Je demande lequel aurait le courage mais il est bien évident qu’il faut demander lesquels.
Imaginons que, même provisoirement, les gouvernements du monde entier refusent d’entrer dans ce jeu, refusent d’ouvrir leur comptes et surtout refusent de payer ces agences.
Ah ! Tu ne savais pas ? On les paye pour se faire noter, même mal. Grandiose, non ?
D’accord, ce serait la porte ouverte à plus de spéculation encore.
Je ne suis pas sûr que ce soit pire puisque, même actuellement, on fonctionne sur de l’invérifié.
Le système boursier a vécu. A l’origine, il s’agissait d’investir dans la croissance des entreprises. Donnant-donnant, l’entreprise fait des bénéfices qu’elle n’aurait pas pu faire sans ta participation et t’en redistribue une partie sous forme de dividendes. Ce n’est pas vraiment choquant, c’est le principe du retour sur investissement.
Si l’entreprise perd de l’argent, ballepeau pour les dividendes. Tu as pris tes risques. Correct mais devenu théorique : on peut par exemple, délocaliser, licencier pour continuer à faire des bénéfices.
Bien plus grave dans la déviance du système boursier est la spéculation. On se projette dans un avenir à très court terme en misant sur la baisse, quitte même à couler une entreprise, voire un état.
L’absurdité culmine avec le principe de la vente à découvert qui te permet de vendre des titres que tu ne possèdes pas en espérant qu’en cas de baisse, tu pourras les racheter au comptant, moins chers évidemment. C’est ce qui vient d’arriver à la Société Générale.
Et les gouvernants continuent de jouer ce jeu insensé de lèche-culs des marchés: mesures restrictives, plans d’austérité. Pas envers les marchés, mais envers toi devenu simple pion des exigences de la finance.
Au moins tu sauras pourquoi ton assurance vie ou ton plan d’épargne risque de te claquer dans les doigts. Banques françaises, certes mais qui ont investi dans des obligations italiennes ou espagnoles ou des bons du Trésor américain.
C’est au moins cela que je n’aurai pas perdu en étant si imprévoyant.
Et même si tu n’as pas bâti ce système de tes propres mains, tu en es le complice involontaire en donnant vie à une boîte à ragots (à ordures ?) nommée Tweeter, toute auréolée de son rôle dans les révolutions arabes, d’où sont parties les rumeurs et où elles se sont amplifiées. Au passage, liquide aussi ton profil Facebook, tes participations à tous les « réseaux sociaux », conseil d’ami parano.
Big Brother is watching you. C’est un autre sujet…
« Wall street », ça veut dire « rue du mur », non ?
Si le mur est au bout de la rue, on appelle aussi cela une impasse.
Médite là-dessus, salaud de pauvre.
YoM in « Discours sur l’incohérence »
11.08.2011