LA FABLE DE JEAN DU RUISSELLEMENT
Pour les plus anciens d’entre vous, vous vous souvenez sans doute que j’avais retrouvé un très vieux parchemin quelque peu abîmé au fond de ma bibliothèque. Pour être clair et net comme disait Sidney Bechet - 8 sept 2010
Et bien figurez-vous qu’en continuant mes recherches, j’en ai dégotté un des plus bizarres. Pas tant sur le texte en lui-même, mais sur l’auteur et les dates de sa naissance et de sa mort. Je ne peux qu’entrevoir que deux solutions, soit c’est une erreur de transcription, soit le fond de ma bibliothèque doit être reliée avec une autre, située quelque part dans ce future ou celui d’une autre dimension, grâce à quelque puits quantique, dont la science nous expliquera sûrement le fonctionnement d’ici quelques années !
En tout cas je vous laisse juge de cette pièce inédite autant qu’improbable.
Les animaux malades de la pépète
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la Terre,
La pépète puisque c’est ainsi qu’elle se nomme,
Capable d’enrichir en un jour l’Amazone,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils n’en mouraient aucun, mais tous étaient frappés.
Ils ne voyaient plus les billets
Cherchant partout le montant de leur Codévi ;
Apeurés, fébriles et sans vie.
Ni loups ni renards ne payaient
Qui que ce soit en fin de mois.
Les écureuils se fuyaient ;
En confondant noisettes et noix.
Le Macron tint conseil et dit : « Mes chers amis,
Ce qui arrive est inédit
Que l’on touche à notre fortune.
C’est un crime au dessus de tout
Et rien n’arrêtera notre immense courroux ;
Nous châtierons les mécréants de la Thune.
Quoiqu’il arrive et je vous en fais le serment
Cela se paiera de leur sang.
Ne nous trompons donc point, voyez notre indigence
Seule peut nous sauver la science.
Même sans argent elle trouve des solutions,
Bien que tondue comme mouton.
Que m’avait-elle fait ? Nulle offense.
Même s’il m’est arrivé de privilégier
Le banquier.
Il est temps de se remettre dans la danse
Changeons de paradigme, agissons en roi :
Ecoutons la masse qui réclame justice
Que tous les rentiers périssent.
- Sire, dit le renard, ne vous méprenez pas ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse
Envers ces moutons, ces gueux de la pire espèce,
Avons-nous pêché en exploitant leur labeur
Et les maintenant dans la peur ?
Quant au banquier l’on peut dire,
Cessons qu’il porte tous les maux,
N’oublions pas que c’est avec ces animaux
Que l’on a construit notre Empire. »
Ainsi dit le renard, et flatteurs d’applaudir.
Aucun ne trouva à redire
Ni l’Aigle, ni le Panda, ni d’autres puissances
Chacune dans la confidence
Malgré leurs différends se tenait bien la main
Evitant à tout prix de penser à demain.
Le mouton vint enfin et dit : « J’ai souvenance
D’un temps qui est encore récent,
Où vous nous aviez promis plus qu’abondance,
Pour des jours heureux et riants,
Où nous pourrions manger même des mangues,
Nous avons marné sans arrêt pour nos retraites. »
A ces mots on cria haro sur le benêt.
Un loup plus que madré usa de sa langue
Pour dénoncer cet outrecuidant animal,
Défendant un système d’où venait tout le mal.
Devons-nous subvenir à ces misérables !
Alors que nos affaires sont à peine rentables !
L’affaire était entendu : Coupable !
Crièrent-ils avec une rage expiatoire.
Selon que vous sachiez ce qui est rentable,
Vous serez éloigné ou proche du pouvoir.
Jean du Ruissellement
2018-2102 (A.C.)
« Ils n’en mouraient aucun, mais tous étaient frappés. » Illustration