Le Barroso était plutôt connu pour son insignifiance, sa platitude et son inconsistance. Mais soudain, le petit Barroso s’est énervé.
Il a pris la parole pour énoncer doctement et presque fermement que les pays européens et surtout la France, devaient se hâter de tout privatiser (Transport, santé) de tout déréguler (Taxis, notaires, gaz, électricité) et d’en finir avec cette aberration d’un autre âge ; les retraites.
« Et plus vite que ça, non mais sans blague ! »
Du pur Milton Friedman dans le texte.
Mais que se passe-t-il, comme on dit à Vichy ?
N’a-t-on pas assez privatisé ? N’est-on pas en train de réduire à néant le programme du CNR tant honni ? N’est-on pas en train de détruire consciencieusement la sécu, la retraite et le pacte républicain ? N’a-t-on pas assez libéralisé l’énergie ?
Que nenni, mes amis !
Ce discours qui continu à aller à l’encontre du bon sens dans une période où le dogme friedmanien est en train de montrer (une fois de plus) sa meurtrière figure, prouve l’inquiétude qui agite les Chicago boys et leurs criminels disciples.
En premier lieu, après 40 ans d’application de ce dogme à travers le monde et les mensonges quant à son efficacité, son application en Europe fait de tels dégâts qu’il devient quasiment impossible de continuer à le défendre. Avant, tout le monde s’en courbouillonait la trompe d’eustache vu que cela ne touchait que les bougnoules d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud.
Mais la formidable réussite du sauvetage de la Grèce, de l’Espagne, de l’Irlande et bientôt de la France n’ont engendré et n'engendreront encore, que chômage, misère, récession et suicides.
« Sots que vous êtes ! Cette situation n’est que temporaire avant que le paradis économique ne s’ouvre devant vous. Et grâce à la percolation, tout s’arrangera !! »
Dixit un Chicago boys anonyme !!
Malheureusement, le choc de la crise de 2008 n’ayant pas été aussi violent que prévu, son effet premier s’est un peu estompé et les gens ont fini par comprendre qu’on leur sacrifiait leur retraite, leur santé et le salaire minimum sur l’autel du désendettement pour en fait rembourser des banquiers qui avaient claqué leur pognon au casino. Ils se sont donc mis à gueuler et à se révolter contre des mesures injustifiées et surtout injustifiables !
- Les Etats sont endettés ? Forcément, il a fallu renflouer les banques et les rentiers !
- L’espérance de vie augmente, il faut supprimer les retraites ? Mais l’espérance de vie des femmes vient de diminuer de 3 mois ! (Article Figaro)
- Il faut travailler plus et plus longtemps ? Mais le chômage des jeunes et des vieux n’a jamais été aussi élevé !
- Il faut supprimer le code du travail qui est un frein à la compétitivité ? C’est sûr que sans salaire minimum et sans allocation chômage, les gens vont se remettre à consommer !
- Il faut supprimer les remboursements pour renflouer la sécurité sociale ? Il faudrait déjà que l’Etat et les entreprises payent leur URSSAF !
Du coup, la résistance au dogme friedmanien devient de plus en plus forte*. Les tenants de cette religion meurtrière commencent à se dire qu’ils ne leur reste peut-être plus beaucoup de temps avant d’être jugés et condamnés pour crimes contre l’Humanité ! Ils veulent donc se hâter d’en finir, de libéraliser le monde entier. Car tant qu’il restera une once d’Etat ou de règles, ils pourront arguer que leur théorie n’a jamais vraiment pu fonctionner et qu’ils sont innocents de tout ce dont on ose les accuser. La moindre entrave à leur dogme le rendant, selon eux, inopérant ! Je serai d’ailleurs d’avis de balancer une bombe nucléaire tactique sur l’Islande qui a osé par 2 référendums, refusé de rembourser les créanciers étrangers en une seule fois comme le demandait le FMI, mais progressivement, ce qui leur a évité de mettre en place un plan de rigueur ! (contrairement à la Grèce !!)
Vite, vite, il faut donc se hâter avant que cet imbécile de peuple ne mette fin à notre chère contre révolution corporatiste et nous empêche de continuer à faire nos expériences si amusantes !
En second lieu, complémentaire et en même temps absolument contradictoire, (ce qui, même si cela semble paradoxal est parfaitement logique, pour eux !) « Ce cher Obama » qui reste avant tout un américain, a généreusement proposé à l’Europe pour son redressement, la création d’une zone de libre-échange.
Comprenez ; « vous dérégulez, vous supprimer le code du travail, les subventions à vos agriculteurs (la PAC), pas de salaire minimum, transports, énergies, eau doivent être grand ouvert à l’altruisme bien connu de nos entreprises nationales, God save the dollar !
Nous par contre nous continuerons à gaver nos agriculteurs et nos entreprises de subventions et de contrats juteux, on s’en fout, les billets, c’est nous qu’on les imprime !! »
Voilà pourquoi notre petit Barroso s’est énervé en chien fidèle de ses affidés, dont Pépito qui l’a fait réélire alors qu’il ne pouvait pas le sacquer, des lobbies et des Chicago boys.
Le petit Barroso a bien récité sa leçon et je pense qu’il en sera remercié.
En attendant, le mur s’approche et la collision s’annonce imminente !
* In Courrier International n°1178 du 30 mai 2013
L’austérité tue
Celui par qui le scandale est arrivé est un jeune doctorant américain (lire cet article). Selon cet étudiant, rien ne prouve – comme l’ont affirmé les célèbres économistes de Harvard Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff – que la croissance d’un pays s’effondre si son endettement dépasse 90 % de son PIB.
L’affaire dépasse largement le cadre académique. Car, comme le rappelle le Prix Nobel d’économie Paul Krugman (lire cet article), en Europe et aux Etats-Unis, les partisans de l’austérité se sont emparés des travaux de Reinhart et Rogoff pour justifier leur politique. Une politique dont les effets sur la santé publique sont catastrophiques, dénoncent deux chercheurs dans un livre qui vient de paraître.