Bon alors, 35 heures ou pas 35 heures ??

Ce gouvernement fait preuve d'un courage à toute épreuve. C'est la seconde fois en cinq mois qu'on nous annonce la mort programmée des 35 heures suivie d'une rétractation immédiate. «Non, non, ce n'est pas ce qu'on a voulu dire .....»
On peut dire qu'ils ont des couilles ! Bon, c'est pas toujours les mêmes, mais que voulez-vous ...
Ils vouent une haine farouche à cette loi comme si elle était la seule cause de leur malheur !

J'ai toujours été pour les 35 heures par semaine mais contre l'annualisation du temps de travail que les socialistes avaient mis en place. Je pensais, naïvement, que le patronat, qui réclamaient en vain depuis des dizaines d'années cette annualisation,  en seraient content !
Et bien je me suis trompé !
Car en échange de cette annualisation, il y eut les ReTeTe. C'est très très mauvais les ReTeTe !!!  En augmentant les jours de congés annuels, on rabaisse la productivité ! C'est bien connu. La fatigue et le stress au boulot ne font pas parti des éléments de discussion. Et comme il était hors de question d'embaucher, les salariés se sont retrouvés à faire le boulot des "absents".....

La suppression de la durée légale du travail est une vieille antienne des ultra-libéraux. Les Anglais sont en train d'artiller au niveau européen pour supprimer toute référence à quelque durée légale minimum que ce soit ! Venant de leur part, quoi de plus normal !!

Déjà que tous les salariés n'étaient pas égaux devant le temps de travail et les ReTeTe, ce qui explique en partie la désaffection des français pour cette loi. Ce que je comprends très bien.
Mais comment faire passer un retour en arrière caractérisé du droit social sans passer pour de méchants exploiteurs ? Simple. Impliquer les syndicats ! C'est con, mais il fallait y penser.

C'est la première fois que l'on oblige les salariés à augmenter leur temps de travail (hors période d'après-guerre) depuis plus de cent ans, au lieu de le diminuer ! Après la fin du Concorde qui a renvoyé le transport 50 ans en arrière (une première depuis plus de 2.000 ans) c'est au tour du droit du travail.
L'Humanité avance ... vers son passé !!

Mais le plus grave, c'est que le principe républicain d'égalité de tous les citoyens devant la loi est à nouveau bafoué.
Selon la taille de la société et le bon vouloir du chef d'entreprise, certains salariés travailleront 7, 8, 9, voir 10 heures par semaine. Sans compensation, sans augmentation de salaire et avec pas trop d'heures supplémentaires, bien entendu. Logique ! Et ce n'est qu'un début....
A une époque, l'entreprise qui faisait faire trop d'heures supplémentaires à ses salariés, était retoquée par l'inspection du travail et sa seule alternative était de recruter. Aujourd'hui donc, les chômeurs devront le rester ou accepter d'être sous-payés et sous-qualifiés,  et ceux qui travaillent devront être heureux d'avoir un boulot....

Ni la retraite à 60 ans en 1981, ni les 35 heures en 1998, n'ont poussé les employeurs à embaucher. Plutôt l'inverse avec la première loi qui a donné le prétexte à des "dégraissages" massifs. Sans pour autant embaucher les "jeunes" comme ils en avaient fait la promesse. Mais c'est bien connu : «Les promesses n'engagent que ceux qui y croient !»
Les employeurs n'en ont même pas profité pour investir afin d'augmenter leur "compétitivité" ! Ils ont préféré garder leurs sous. Les pingres !
Alors leur donner un contingent d'heures suppléméntaires illimités, quel pied. Surtout qu'elles ne sont payées que 10% de plus. (Au lieu des 25, 50 et 100 % payées entre 39 et 48 heures, au temps jadis !!)

Concernant l'emploi des "séniors", je sais ce que le patronat français souhaite : faire comme Hewlett-Packard. Après avoir licencié plus de 30.000 personnes ces cinq dernières années, la société veut faire travailler gratuitement jusqu'à 40.000 retraités. Ils sont déjà plusieurs milliers à l'heure actuelle*.

Elle est pas belle la vie ?


* in "The new York Times", Matt Richtel, cité par "Courrier International" 908 du 27 mars au 2 avril 2008